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La souris verte

3 décembre 2006

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30 novembre 2006

la souris verte à Montjean

17 novembre 2006

Quand le bailli...

Comme un vol de gerfaut or du charnier natal, fatigués de porter leurs misères hautaines, abandonnant leurs steppes orientales, les vallées du Donau, du Don, de la Volga, depuis la nuit des temps les peuples ont suivi le soleil dans sa course, cherchant des jours meilleurs du côté du Ponant.

Poilus, barbus, vêtus de peaux de bêtes, fuyants la tempête il vinrent s’exterminer, se mêler se mélanger au bord de l’océan

Un ramassis de miteux, chassieux, puceux, transis qui ont échoue ici poursuivi par la faim, les tumeurs et le froid venu vaincu des quatre coins du monde .Ils ne pouvaient aller plus loin à cause de la mer ; dit Céline.

Mais voila c’est enfin la paix entre les vallées de l’Isoir et de l’Ognon. En Pictonie une cloche sonne, sonne à la volée :

Il était une fois le Bailli de la Brelaire jouissant concupiscent de ses terres, de Vieillevigne à la plage du Cormier ;

Quand le Bailli naquit il mourut aussitôt,

Branle bas de combat, alerte, vire love pour love, les femmes et les enfants d’abord ; sauvons ce beau poupon qui ressemble à un ange. Prions :

Hadès,, Caron, Pluton, implorons Osiris, Perséphone,la fille de Déméter qui cache Dionysos du cote d’Eleusis ; rendons grâce à Jésus qui est revenu vivre auprès de son père le reste de son age,après trois jours au tombeau ;

_Schlaque ? Le beau bruit

C’est le grand prêtre docteur médecin qui débouche la goutte et frictionne le corps.

Alors Dionysos accomplit son miracle. L’enfant en recevant l’esprit déraisonnable du grand dieu deux fois ne se met vite à crier :

Ouin, Ouin, Vin, vin, du vin du vin, dit vin divin dit il

Alléluia un grand buveur Alléluia de nouvelles vignes

Alléluia est arrivé Alléluia il faut planter

Alléluia quel grand malheur Alléluia cet enfant pigne

Si le gros-plant vient à manquer Dès qu’il a la gorge desséchée

Les gens bien intentionnés mettent toujours quelques gouttes d’alcool dans le biberon des bébés : c’est la vitamine Donnot remise au goût du jour par la dynastie pharmaceutique des descendants du Bailli

Tout ceci ce passait en octobre, ce me semble dans la semaine tant renommée par les annales, nommée semaine des trois jeudis ; car il y en eu trois à cause des irrégularités bissextiles

Les juifs prient le samedi, les chrétiens le dimanche, Pierrot le lundi, mon adjudant de mes fesses le mardi, que son dieu le protége ; mais quand c’est jeudi c’est la fête à Zeus Jupiter.

Quand il séduit Europe, déguisé en taureau, franchissant un continent, la belle accrochée à ses cornes, il s’arrête enfin au bord de la Mayenne. ; Château Gonthier : C’est là qu’ils copulèrent et, depuis, les jeudis, les orants, appelées maquignons, viennent de tous les pays traversés par le couple, attendre un petit de la portée divine

C’est la messe du veau d’or : tête et pieds vinaigrette, tripes au calvados,escalopes pannées , rôtis, poitrines farcies et surtout les paupiettes ; Communions à l’enfant dieu sous toutes les formes !

Les seigneurs de Laval, Craon, Champtocé, règnent sur la Mayenne et en terre Pictones, le pays de Retz : le Bailli est leur vassal ; ils sont les suzerains et offrirent à ce titre une belle hécatombe pour fêter le poupon pendant ces trois jeudis ; ce qui fit quand même plus de trente trois bêtes/jour, un peu moins de trente quatre ?

Pendant cette double naissance le père du Bailli se lamentait au jardin des néfliers

  • Oh ! Monde cruel

  • Oh ! Fils pourquoi m’as- tu abandonné ?

Homme de peu de foi mais de grande culture il cultivait la vigne, élevait le vin, mais ne voyait qu’un champignon dans la levure de bière ; pas le souffle divin

C’était tôt le matin quand les oiseaux, déjà commencent à bouger. Soudain un cri immense lui fit lever la tête. Une bande passait dans sa course puissante comme pour ouvrir la voie au soleil qui s’apprêtait à poindre. Un vol d’oies sauvages passa juste comme l’enfant se mettait à crier.

Mais pourquoi donc passèrent les oies sauvages ?

C’est un signe connu depuis la nuit des temps pour annoncer la venue d’un très grand chasseur d’un fils de Nemrod. Ainsi donc le Bailli, si l’on en croit sa généalogie descend de :

Zeus qui avec Sémélé engendra

Dionysos Zagreus et

Orion le plus beau des chasseurs avec son chien Sirius, amant de Méropée, petite fille

De Dionysos qui engendrèrent

Chabroth qui engendra

Cul sec qui engendra

Hurtaly le mangeur de soupe qui connu Noé et le déluge et engendra

Gilgamesh qui lui demanda du vin d’immortalité et engendra

Jéroboam qui engendra

Balthazar et Melchior qui engendrèrent

NabuchoDONNOsor qui engendra

Nemrod qui engendra

Gay Of lequel avait les couilles de peuplier et le vit de cormier qui engendra

Rodoastre qui engendra

Salmanasar qui engendra

Grand Gosier qui engendra

Gargantua qui engendra

Pantagruel qui engendra

le père de son père qui engendra son oncle et son père qui engendrèrent Gilles de Rays et le Bailli qui en est cousin et vassal.

Il descend aussi par filiation matriarcale de sa mère

de ses deux grand mères

de ses quatre arrières grand-mères

de ses huit arrières, arrières grand mères

de ses seize arrières, arrières, arrières, arrières grand-mères

de ses mille vingt quatre arrières, arrières, arrières, arrières, arrières………… grand mères dont l’une fut Clémence qui inventa le beurre blanc et en gava Gabriel qui ne prédit pas un Messies à sa fille mais une mâchoire de brochet si elle continuait à se pencher du bateau à en perdre une dent de lait dans l’eau et qui descendent toutes d’Eve par la cuisse de Gaia

En ce temps là, Pasteurs et troupeaux pissent tant près des puits et des sources que l’eau n’est plus potable. Le monde va découvrir l’Amérique ; Marshall n’offre pas encore ses plans de châteaux d’eau ; ils sont construits de pierres sur les anciens à motte.

Le Bailli boit du vin, seule boisson hygiénique et s’en trouve fort aise. Entouré de l’affection des siens, de ses chiens et de l’étang du donjon, il est le plus beau du canton. S’il aime dieu, il adore le monde qu’il découvre en suivant tous les jours son père au cellier, à la chasse, à la pêche, de l’ombre de la Brelaire aux rives océanes. Bref ! Il est concupiscant et tant pis pour qui c’est peccamineux. L’autre jour avec les petits manants du bourg et les enfaons des serfs, il fut présenté à la Vierge, reine du ciel :

-Prends ma couronne, je te la donne ; au ciel n’est ce pas, tu me la rendras !

Grand Dieux, quelle initiation, il connu la peur de sa vie :

- je suis si bien sur terre ! Que trouve-t-on au ciel ? Je veux rester chez moi ; un tient vaut mieux que deux tu l’auras!

- Je connais mon fief sur le bout des doigts. La remise des lièvres aux Gîtes Longues, les lisière du taillis ou se chauffent les perdrix, les fossés ou lambinent les escargots, l’ombre des chênes ou sortent les trompettes et les cèpes, les garennes, entrée et sortie pour chasser au furet, les peupliers ou se posent les draines et les mauvis, les près à bécassines et les ronciers du bois ou se posent les bécasses et remisent les chevreuils.

Mes bosselles sont toujours pleines d’anguilles et mes nasses regorgent de brochets ; Alors la couronne, qu’elle reste au paradis.

Au Cormier je sais ou pêcher les bouquets, les boucots ; sur la sablière nul ne me bat aux coques, aux moules, aux huîtres, aux palourdes et je suis le plus fort à la mye. Quand je tire la senne je prends des soles, des turbots, des plies, des saumons en saison. Je suis partout chez moi, bien qu’Estran j’aie, au

Paradis !

L’autre jour, les parents m’ont laissé sur la route des vacances à Machecoul, chez les coussins francophiles, qui ont crée une merveilleuse école chorale pour l’éducation de la jeunesse et l’agrément de leurs soirées. Mon cousin de Rais adore la musique et la voix des enfants : anges des religions Mésopotamiennes, esprits des rois mages, porteurs de richesses bien terrestres. Comme le maître de chant me demande si je connais un air, j’avoue innocemment

  • Mon premier cri ayant été, avant tètèe :

Ouin Ouin !

Du vin, du vin !

Divin

Je chante aux noces et banquets l’hymne Picton :

A la Garnache y a plus de putains que de vaches

Y en a plus à Challans, Challans c’est bien plus grand

Les gars de chez nous n’sont point des fous

Partirons point sans boire un coup :

A BOIRE A BOIRE !

Partirons point sans boire un cou

Car les Pictons sont point des fous

  • Nous ne sommes plus en guerre avec nos voisins ; gardes ton chant en réserve du baillage ; tu joueras d’un instrument.

Et c’est à la pibolle que je pus m’exprimer. D’aucuns croient l’instrument facile ; mais combien de rigodons ratés ? Combien de sonneries peu claires ?

Pour certains, cinq coups évoquent la bête noire, d’autres c’est le sanglier ?

Quelques uns donnent trois sonneries pour le chevreuil, mais leur voisin souffle quatre fois !

Et pour goupil ? Deux coups. Mais alors, le lièvre ?

Six fois pour le cerf ? C’est trop quand les chasseurs sont éloignés et si Echos s’en mêle : c’est presque un rigodon !

Faut il sonner les bêtes rentrantes ? Les sortantes ? Celles qui passent ?

  • Il est passé par ici : Pou, pou, pou

Il repassera par là ; Pou, pou, pou

c’est un chevreuil ; mais pou pou pou suivi de ta tata rata pas sa tata : la bête est morte. Mais pou pou pou ta tata rata sa tata c’est blessé, vite aux chiens de sang : subtilité de la pibolle, richesse des sonneries, puissance des rigodons : être complet, avoir été pibolliste !

Je rends aussi justice au lac de Grand-Lieu avec la moinerie saint Philbertienne, privilège du bailli cousin de Gilles de Rais. J’y apprends la matière humaine comme :

un boulanger sa pâte un maçon sa colle

un staffeur son plâtre un potier son argile

un apothicaire ses liqueurs un sculpteur ses marbres

Que le cordonnier ne juge pas au-delà de la chaussure ; Comme on dit en « Apeles ».

Grandeurs et décadences, c’est jamais moi c’est l’autre ; C’est la faute à pas de chances.

Le poisson mord à l’hameçon, l’anguille rentre dans la bosselle, la grenouille se jette sur la lampe allumée, le lièvre reste gîté quand je pique mon bâton, les perdreaux se jettent dans les rets et pourquoi les lapins veulent mettre des cravates ?

Les poulets du voisin rentrent dans mon poulailler !

Vous voyez notre maître, ce n’est pas facile de vivre à la campagne ; et si je vous disais la voisine étourdie s’est trompée de mari ? La fille d’à-côté? Ce n’était pas une oie blanche. Votre droit de cuissage ? Elle revenait de Malte.

Pourquoi donc envoyez vous la garde ?

Je venais justement payer, bonté, mes écus dus !

Donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ; mais je ne bois que du gros-plant ! Les cénobites de Philibert l’introduire en Pictonie. Pourtant, je sais, ils me l’ont dit en cours plénière, chassant le sot de Goth, buveur de céréales torréfiées mouillées d’eau minéral,il plantent partout des vignes ; ils ont trois A.O.C. autour de Tournus quand à la Brelaire nous ne sommes que V.D.Q.S.

Alors c’est décidé, je pars demain parfaire mes humanités avec un NoirMoutier buveur

Refaisons à l’envers la route des invasions, goûtons, buvons de l’estuaire de la Loire jusqu’au bord de la Saône :

Farandole des vins blancs

Chariot des pétillants

Buffet à volonté

Rouge sur rouge

Rien ne bouge

Et pour plaire à mon père j’aurai un vingt sur vin.

Dans un fjord profond de la froide Norvège des grands blonds aux yeux bleus rêvent de brunes charnues, charnelles, charmantes avec le feu au cul, car ils ont froid aux mains.

Ils laissent leurs couvées, vaches, cochons, enfants, leurs femmes fillasses et partent pour draguer avec des navires à têtes de dragon.

  • Route au sud, les filles ne comptent pas pour des prunes !

Voilà pourquoi ils arrivèrent en Seine, Acte I ;

En remontant le fleuve, au détour d’un méandre, ils aperçoivent des filles lavant et battant du linge à la masse carrée !

  • A l’abordage !

  • Girondes, les filles en scène ?

  • Les copines : malabar le pilotin !

  • Peut on aborder ?

  • Mouilles en aval, laisses culer, envoies la touline qu’on soit bâbord à quai

  • Pouvez vous virer l’amarre sur le saule.

  • Ouhd ! un vilain dragon qui n’a pas l’air féroce ?

  • Draguons ! mais nous sommes là pour ça ; emballé, c’est pesé

Quelle belle journée, que d’échanges fructueux.

- Vous arrivez de loin ?

- Des régions boréales ou va skier Apollon quand règne Dionysos

- Où est votre village ?

- Là bas, au pied de l’abbaye qui exploite nos hommes à coup de corvées et de deniers du culte

- Voulez-vous embarquer ?

- Mais qu’allez vous faire dans cette galère ? dit une folle de la messe ;

- Nous sommes encore fermes et ils sont bien montés

  • C’est vrai dit goulûment la plus délurée

Alors c’est la ruée ; Toutes le monde à bord, cul par-dessus tête. Quel mélange gracieux ; tiens je la mange déjà ? Les cunnis sur la rive donnent leur langue aux chats.

Mais quand un matelot veut embrasser sa belle :

  • Arrêtes, arrêtes ; ne fais pas ça, je t’en supplie ai pitié de moi : Monsieur le curé ne veut pas que les gars embrassent les filles !

Alors ivre de stupre et de fornication, tous partent au village :

  • A la curée le curé

  • A la curée le curé

  • C’est le tocsin qui sonne

  • C’est Jumièges qui brûle

  • A la brune que j’en conne

  • Aux moines que j’encule.

Et voilà pourquoi les moines partirent en Pictonie sans prendre le temps de s’asseoir, transportant saint Philibert de cénotaphes en tombeaux, et pourquoi la Rouennaise est blonde.

La première leçon est à NoirMoutier, l’atterrissage de l’estuaire de la Loire ou nos cenobites sont venus s’installer.

Ils couvrent l’île de vignes et de marais salants ; fi des pommes de terre toujours au nouveau monde. De toute l’Atlantique Nord, de la Baltique, de Viking Banks, d’Utsire, de Fladen Ground, de German Bright et de Dogger Bank, la ligue hanséatique vient acheter du sel pour conserver cabillauds, aiglefins, harengs cochons, car ils aiment la morue, le haddock, le lard et les gendarmes : des mets qui donnent soif. Ils chargent aussi des barriques de vin pour abreuver l’Europe.

Les petits buveurs, les riquiquis, les pisse-menus, ceux qui rêvent de régime Crétois transportent dans des amphores très peu de jus de treille pour une charge énorme. Le Picton, grand buveur, fabrique la 110, la 220, l’A 380 litres qu’un seul homme roule et place en fond de calle.

Comme toute l’Europe accoure ; le Gros Lot est tiré et gagné chaque jour ; A peine coloré, très légèrement rosé c’est une merveille avec des bouquets pêchés à marée basse ; et en plat de résistance, gigot de pré-salé : à la souris, à la souris, c’est le muscle du Bailli.

Puis le moine, pour un cours d’histoire, m’emmène voire les yeuses plantées par Jules César

Apres une longue promenade nous nous assoyons sur un bloc de beau granit blanc : c’est le « bois de la chaise », car on y boit assis !

J’admire, devant moi, le continent du coté de l’Orient ; mais je ne vois plus, assis, la plage sous la falaise que j’avais repérée, debout sur le rocher.

  • Est-ce l’effet du vin ?

  • Suis-je rond ?

  • Ou bien la terre est ronde ?

La terre est ronde, patate, dans la baie de Bourgneuf. Ce phénomène amuse toujours les ivrognes pour se payer la tête des apprentis pochards.

  • Pourquoi ne vois-tu plus la plage descendue du rocher ?

  • Il n’a pas assez bu !

  • Donnons à boire à ce cochon là, on verra bien s’il trouvera ?

  • Donnons à boire à ce cochon là, on verra bien s’il degueulera !

  • Et pendant qu’il boira que son voisin s’apprête, la pomponette ! La pomponette !

  • Ahhhhhh ! Ahhhhhh !

Cette expérience COPERNICIENNE est appelée baise cochon ; en face, c’est cochon baise, PorNic !

Après les invasions lorsque Rome s’effondre la vigne n’est plus faite.

  • Sauve qui peut ; vivons au jour le jour. Comment faire du vin quand demain n’est pas sure !

  • Plus de fêtes Dionysiaques, plus de messes Chrétiennes !

  • Décadence ! décadence ! il y a des cannibales, la société fou le camps ! La nuit infernale recouvre les rotteurs de bière et pisseurs de cervoise.

Les moines sont venus : la civilisation renaît :

Hosanna ! Hosanna ! Vigne est ressuscitée.

  • Hosanna ! hosanna ! vigne est replantée

Après Noirmoutier nous partons pour saint Philbert, suivre la deuxième leçon  à l’abbatial. Bailli de Vieillevigne je rends ici justice mais le lac de Grand-Lieu appartient aux moines. L’abbé décide donc :

- Pour l’amour de dieu et de nos finances, achetez du poisson le vendredi et les jours de carême.

  • Elle n’est pas belle mon anguille ?

  • Il est beau, il est beau mon brochet,

  • Elle est verte, elle verte la grenouille,

  • Ils sont bons, ils sont bons les canards avec un coup de gros-plant qui se récolte ici comme à la Brelaire ; vendu en broc ou bien à la barrique, la célèbre 220.

Saint Philbert c’est aussi le verrou météorologique qui gère pluie et beau temps sur toute la Loire ; si Grand-Lieu refuse, les dépressions océaniques restent sur la Basse Loire : rien ne passe plus haut. Il pleut sur Nantes, donne moi la main, et le cœur du pays de Rais.

Pour faire repartir le train des dépressions, il faut siffler un coup de gros-plant en Trinquant, Sonnant et Trébuchant à la santé du grand saint Philibert : Voilà pourquoi l’abbaye est fort riche. Demain nous quittons la région. En route pour Trèves - Cunault ou notre moinerie s’est aussi installée : troisième leçon : cabernet et chenin ;

Passant par Champtocé, nous arrêtons pour saluer les cousins de Rais et décidons d’aller prier saint Méen à château Pan, sur l’autre rive. Descendant de la nef nous arrosons la traversée en vidant un broc de vin du coteau des lions à la taverne « le batelier ».

Prés de la fontaine miraculeuse je découvre un Menhir pré Apollonien, taillé dans les carrières du dieu Pan, derrière le mont Janus. Une lumière au milieu du monolithe dit :

Sours ! Vérité.

Ombre, caverne, grotte, obscurité, obscurantisme, peur, ignorance. Lumière, énergie, vérité, joie, amour, connaissance.

Quand Apollon, dieu de lumière aux souris oraculaires, récupère l’oracle de Gaïa, à Delphes, il grave la table de la seule loi :

- Connais-toi toi-même !

Que tous peuvent lire avant d’entendre l’antique prophétesse tellurique. Bien avant, chez les Celtes Ligériens :

- Sours ! Vérité du menhir oraculaire ; mais

Souris, verte, c’est du pareil au même !

Et que le ciel ne nous tombe pas sur la tête !

Demain sera un autre jour,

Levons nos verres, levons les Graals

A la santé de Dionysos

Car quand l’un est là, l’autre est ailleurs ;

Et trempez les dans l’eau, trempez les dans l’huile,

Ça fera un escargot tout chaud !

Curieusement, Janus qui sait le passé et l’avenir, comme ces deux monts qui regardent à l’Est et à l’Ouest devient ici Jean, Pythie Judéo-chrétienne, père de l’apocalypse, des phantasmes, des terreurs, des peurs d’autruches ; Mais c’est de la lumière que viendra la lumière et resplendira la Licorne (du chevalier de Haddock ?), la croix de l’aigle de Pathmos et la souris verte aux Lucettes à Montjean.

La source est toujours limpide et fraîche, protégée par les nymphes de Pan, Janus, et un saint catholique. A l’abri du danger nous nous lavons en espérant nous protéger de tous les miasmes présents et à venir, bercés par le doux chant des muses :

Souris verte, petite souris verte,

Souris verte je t’attraperai

Je t’attrape près du menhir

Qui la vérité doit dire

Frais et sentant bon le propre, suivant les bords de la Loire, la trêve, la trêve, la trêve du cul, nous arrivons sur des coteaux couverts de vigne balisés de nombreux dolmens et menhirs. Des buveurs de cervoise ont vécu là avant qu’un miracle en fasse des chrétiens, sac à vin. Nous descendons au rivage vers l’église monacale. Tout en haut du clocher teinte une grosse cloche arrivée seule de Rome un beau jour de Pâques, refusant de rentrer chez elle, en Berbérie ou les Maures Musulmans réduisent en esclave les pères de l’église et du Sidi Brahim.

  • Drelin ! Drelin ! du vin, du vin, du vin divin chante la cloche.

  • Comme c’est beau, dirent les indigènes

Et tous se convertirent.

  • Vive le vin, il est bon

  • Vive le vin de Loire

  • Digne dingue don, digne dingue don

  • Apportez vite à boire !

La route à été dure, les gourdes sont vides depuis longtemps déjà.

  • un bon coup de chenin adouci les gosiers dessèchès des poussières du chemin, dit le

Frère portier.

  • Rendons grâce aux dieux qui font planter des vignes !

  • Hosanna ! hosanna ! qu’est le verbe quand la langue colle au palais !

Tout en admirant la robe dorée du vin :

  • Savez vous ou nous sommes ?

Anjou ! :

Feu !

Quelques jours plus tard en route pour Massay, ou notre moinerie s’est installée pour combattre l’obscurantisme Berrichon, les sorcières aux philtres maléfiques, infâmes, le jus de crapaud, la graine d’élebore, les venins de serpents , les pelotes de régurgitation au fond des mares au diable. C’est en plantant du Sauvignon qu’ils convertirent les foules et quand elles préfèrent le goût du blanc, bien du chemin est fait, à Reuily comme à Quincy. Pour nous remettre de ces saintes fellations, vite allons voire le bain à Vichy et boire le vin à saint Pourçain sur Sioule.

Le Bailli

- Que buvait on ici avant votre arrivé

Le père abbé

- Qui sait ce qu’il y avait ? Peut être de l’eau polluée

De l’orge fermenté !

Y a les vins amarante

Y a les vins de ma rente ?

Y a les vins qu’on regarde

Il Y a les vins de gardes.

Y a les vins pour le nez

Qui peuvent s’abîmer.

Y a un vin pour la goule

A saint Pourçain sur Sioule.

Ce vin se boit tout seul, déjà, voila, les dents du fond qui baignent.

Le Bailli

- allons pisser un coup pour faire monter la Sioule ; quand montera-t-elle chez notre suzerain entre le mont Janus et Champtocé sur Loire ?

Les avinés

  • dans une eau si claire pêchons des écrevisses ; en nous mettant à l’eau nous serons dégrisés pour déguster le blanc à l’apéro, ce soir.

Plus tard à l’abbaye ce fut une orgie de crustacés à la crème et flambés. Le Bailli en mangea tant que ses doigts gonflèrent, qu’il du ôter ses bagues et chevalières qu’il ne remit jamais, ce qui vaudra à sa descendance le privilège d’avoir les mains et l’âme libre.

Le Bailli

  • Pourquoi donc êtes vous venu, vous installer ici ? Les fières Normands ne vous ont pas poursuivis aussi loin ?

L’abbé

  • Des montagnes, autour, sourdent des eaux aux vertus peu chrétiennes qui semblent mieux guérir que toutes nos patenôtres. Maintenant tous boivent du vin et font dire des messes ; nos rentes grossissent tous les ans ; gloire à nos A.O.C gloire aux Dieux aux plus haut des cieux, gloire à Jésus, gloire à Dionysos qui changent l’eau en vin ou bien le vin en haut

Le Bailli

- Que faites vous donc avec tout ce pognon ?

L’abbé

- allez voire à Tournus ; Athènes n’existe plus, Rome est abandonnée, Avignon est papale, on y tourne, on y tourne, on y tourne en rond, et dites que l’eau d’ici vous fit roter plus que des musulmans. Vive le vin des curistes et merde à l’eau de Pétain !

TOURNUS

C’est le centre du monde ; Colon n’a pas encore appareillé de Palos de Moguer. Toute la vallée de la Loire à rendez vous ici. Saint Hermentére l’a dit : chasse giboyeuses, Saône riche en poissons, autant que le lac de Grand-Lieu et plus que tout :

- au nord-est c’est Bourgogne,

- dans le suette c’est cotes du Rhône,

- au suroît c’est Mâconnais,

- au norois c’est Beaujolais, et dans un cercle de quelques miles.

Les auberges tournent à fond. Les moines y tiennent conseil et c’est un grand bonheur de voir comment se règlent les affaires d’ici à la Brelaire. Fanchon, bonne chrétienne, y tient boutique mon cul, ah ! Que son entretien est doux, qu’elle a de mérite et de gloire, un bourguignon fut son parrain…… alors, non de dieu, le vin coule à flot pour arroser des menus pantagruéliques ! Nous sommes sur la route des grandes foires et marchés d’Europe. L’ambiance interlope encourage les beuveries jusqu’à point d’heure ! Mais quand la faim vous prend c’est le paradis terrestre :

  • Quenelles de brochet de Saône, escargots, bœuf bourguignons et surtout coq au vin à la façon de Maistre Bertrand.

  • Qui était ce ? Nous ne le saurons jamais, mais buvons à sa santé une topette de Chambertin dont une bouteille est pour le coq, l’autre pour le cuisinier, la troisième pour les convives.

Le Bailli, grand chasseur d’escargots, la plus petite des véneries, n’arriva pas à savoir s’il préférait les petits gris ou les gros blancs de Bourgogne. Il s’en gava durant tout son séjour et conclu :

  • le petit gris est moins gros, le gros blanc est moins petit ! et après !

  • Allons digérer dans l’église et remercier saint Philbert en lui offrant notre chœur de ronfleurs !

  • Graond ! chuuu, Graond ! chuuu. Rythme des premières litanies orientales :

  • Marron ! un ! marron deux ! et vive saint Maron !qui nous valu le célèbre chant Grégorien :

  • 1 marron + 1 marron = 2 marrons……

  • Demain nous visiterons le Mâconnais, paré à Viré ! et vive le blanc ! bravo aussi pour le rouge et les côtes de bœuf.

Après avoir bien visité les caves, attaqué l’andouillette, dégusté du gras double et du tablier de sapeur, apprécié la forme locale du Jésus, consubstantiel, ou transubstantiel au saucisson ? le Bailli ressentit une douleur au gros orteil.

  • Vous mangez trop riche, dit un frère apothicaire,

  • Préparez moi une meurette d’anguille, vive les oméga 3,

  • Je suis l’alpha et l’oméga ! mangeons des poissons gras !

  • Une meurette d’anguille, c’est une matelote ?

  • Pauvre homme, pensa le Bailli, la matelote est brutale, mais la meurette !

  • Il y a autant de bourgogne dans la sauce que dans les verres, peut-on faire ça avec de l’abouriou, rêva le Bailli qui n’arrivait plus à partir malgré ses douleurs.

  • C’est par les pieds que je prévois l’arrivée les dépressions océaniques et si Grand-Lieu va refuser ; Faudra-t-il arroser le jardin ? tiens, voila la première goutte !

Quelle aventure ! Nous avons fait un beau voyage qui forme ma jeunesse, m’a ouvert l’esprit et montré comment grossir mes rentes.

  • Et aussi le gosier, l’estomac, et la panse !

  • Maintenant la vie semble bien triste au donjon ;

  • A quoi servent ces leçons à travers le pays ? Profites de tout ça et mets nous du clinquant !

  • Tout ici à l’air si démodé !

  • Ne te laisses pas aller au spleen du voyageur. Il y a bien une heure au soleil entre Tournus et Vieillevigne. Ton horloge biologique est détraquée, tu as soif plus tôt que d’habitude.

  • Allons vite au cellier.

  • Tiens, voilà des gars qui passent,

  • Vous tombez juste à pique, nous allions boire un coup !

  • Oublier misères et angoisses existentielles.

  • C’est juste qu’il a soif !

  • Il en veut toujours plus !

  • Faut-il mieux la moinerie opulente de saint Philibert qui s’agite à gérer Noirmoutier, Grand-Lieu, Cunault, Massay, saint Pourçain, Tournus, ses marais salants, ses pêcheries, ses chasses, ses forêts, ses métairies, ses veaux, vaches, cochons, ses moulins, ses péages, ses écoles, ses auberges, ses cabarets et toutes les femmes qui sont dedans, toutes les A.O.C ; Ou les cénobites tranquilles ?

  • Bien ! dit le premier qui arrivait de loin :

  • Un homme qui partait en voyage donne à un serviteur 50 barriques de vin, à l’autre 20

barriques, au troisième 1 barrique. Longtemps après, quand il revint :

  • Tu m’avais donné 50 barriques en voilà 50 autres que j’ai gagnées quand j’étais aux affaires

  • Tu m’avais donné 20 barriques en voilà 40 que j’ai gagnées en faisant du commerce.

  • Bravo ! bons et fidèles serviteurs. Vous êtes fidèles aux richesses terrestres. Venez vous réjouir avec moi.

Puis celui qui avait reçu une barrique s’approche et dit :

  • Je l’ai laissée vieillir sous terre, en cave, la voilà.

  • Serviteur mauvais et paresseux ! tu aurais du la mettre sur le marché et à mon retour j’aurais touché mon bien avec intérêt. Vas-t-en car à tout homme qui a, l’on donnera davantage, mais a celui qui n’a rien on enlèvera même le peu qu’il a.

  • Ainsi :

J’ai fait le mouvement Juda

Disait le Judaïste

J’ai fait le mouvement Juda

Et en effet il l’avait fait !

  • Un tient vaut mieux que deux tu l’auras, sers à boire et crois moi : cultives ton jardin ; car rien « vaut l’terre » dit l’autre, regardant sa montre et maudissant son horloger car elle s’était arrêtée ;

  • Je crois que nous devons partir. Saint Philbert, c’est encore loin ?

  • J’y vais demain rendre justice. Voyageons de concert, avec diligence.

Le char à bœufs est enfin attelé ; la charcuterie, le pain, un barriquot de gros-plant embarqués.

Le bailli, ses gens, les voyageurs et le chien montent dans la carriole :

-Roulez, roulez, petit bolide ; c’est parti mon kiki.

Apres Malabrit, bien avant le Grand-Chene le Bailli tire à boire, retire le douzil : un jet clair de gros-plant remplit les gobelets : elle est pas belle la vie !

Ce n’est pas tout, vous mangerez bien un bout ? De la terrine de lièvre ? :

-Pour un beau lièvre de Vieillevigne, j’obtiens 700 à 800 gr de lièvre haché ; 300 à 400 gr de viande en morceaux. Il faut :

- 800 à 900 gr de gras de lard

- 500 gr de poitrine de porc

- 1 petite crépine

- 6 à 8 têtes d’échalotes (grosses comme 1 belle noix)

- 2 oignons (petite mandarine)

5 à 6 gousses d’ail

  • 1 gros bouquet de persil

  • 1/2 verre à moutarde d’eau de vie de Vieillevigne

  • Quatre-épices, poivre, sel, thym, laurier (pas trop)

Lever la chair en gros morceaux, cuisses et filets pour obtenir 300 à 400 gr de morceaux longs et d’environ 2 cm d’épaisseur. Les mettre à mariner ½ journée (ou quelques heurs) dans l’eau de vie, gros-plant et quatre-épices, poivre moulu, 1 feuille de laurier.

Récupérer 700 à 800 gr de petits morceaux de viande qui seront hachés, y compris cœur, foie, poumons.

  • Mélanger avec la marinade et au besoin un peu de vin.

  • Bien nettoyer les morceaux de toutes les peaux blanches et des nerfs.

  • Les proportions donnent 2 à 3 terrines.

    • Ne pas mettre le sang et les morceaux trop abîmés

  • Remplir les terrines en alternant hachis et morceaux ; et ne pas trop les remplir car elles déborderaient à la cuisson qui est d’environ 1 h, 1h ½ à four un peu moins que moyen ;

    • Piquer une lame de couteau (fine) ou une aiguille à brochette pour voir la cuisson : l’eau qui sort ne doit pas être rosée ;

Ca sent bon ! Et c’est bon.

Tout en roulant, les estomacs se remplissent et les vessies débordent ;

  • Ah ! le vrai bonheur ! pisser par-dessus bord, sans s’arrêter !

  • Et remercies ton horloger ; on ne voit pas le temps passer

Si bien qu’au soir les voilà tous à l’abbaye :

- Bonjour, tout le monde ! dit à la ronde, en arrivant, le Bailli ;

  • Tout va bien, depuis le voyage à Tournus ?

  • L’argent rentre, l’argent rentre ; mais il y a quand même quelques mauvaises têtes qu’il

va falloir juger demain.

- Qui sont toutes ces pleureuses ?

- Les meilleurs avocats, paroles de Bailli.

  • En attendant, l’abbé, conduit nous au cellier, fait quérir tes meilleurs sauciers et

tes rôtisseurs ; je juge difficilement l’estomac vide !

Apres avoir goutté toutes les barriques, notre monde se rend au réfectoire pour des huîtres, un brochet beurre blanc, arrosés de gros-plant, du canard au petit poids de Vieillevigne et carottes de la Planche avec un muscadet et des rôtis pour lesquels l’abbé débouche des A.O .C d’autour de Tournus …et puis quand tous sont rassasiés, avinés,…le Bailli dit :

  • Entendons les pleureuses !

- Apportez les alcools, le ménécasse, la prunelle ; et toi qu’a donc fait ton mari

- Il posa six bosselles quant il n’a droit qu’a cinq !

- Qu’en penses-tu Christian, fidèle compagnon ?

- Où était la sixième,

- Sur notre lot dit un gars ;

- C’est quand même pas pour ça que tu es là ?

- Mon homme avait posé les siennes dans l’Ognon ; il n’avait plus ses places.

- Dans l’Ognon ? Mais c’est là que passent les anguilles pour Vieillevigne !

- N’avez-vous pas pitié de votre pauvre Bailli ?

Affolée, la bougresse se jette à genoux, aux pieds de l’homme de loi et fouille sa braguette :

  • Le peu que je sais de justice, notre maître : on entre point chez vous sans graisser le marteau !

Et très élégamment ses mains frustes astiquèrent l’érection du Bailli qu’elle se cala comme il faut en sautant sur ses genoux.

Pendant ce temps Christian, chargé des chasses et des pêches du fief, continuait les interrogatoires en se servant des cerises à l’eau de vie.

  • Et ton homme, toi, qu’a-t-il fait ?

  • Par inadvertance il a levé une louve qui n’était pas à lui

  • Et

  • Un brochet de 16 livres !

  • Qu’il a bien sur rendu !

  • Il n’a pas eu le temps, il l’a ramené à la maison ; mais il contait bien le rendre.

  • Si je n’avais rien vu, ils l’auraient mangé, lui et les siens, on me l’a dit, il faut porter plainte

  • Mais nous ne l’avons pas mangé.

  • Le Bailli ayant fini son affaire offrit un ménécasse à sa plaignante, et dit

  • Ce pêcher, péché véniel,

  • Je n’en suis pas si sure ; il ne faudrait pas que çà devienne l’habitude,

  • Oui mais aujourd’hui c’est moi qui commande, et qui vivra verra.

Ce n’est que plus tard dans la nuit que le maître des pêches et des chasses pu remettre un péché et un chassé qui lui valurent des reconnaissances éternelles.

De retour sur nos terre nous attendions tranquillement la Renaissance, cultivant notre jardin et buvant du gros-plant, quand soudain :

  • Les enfants ne rentrent plus chez eux ! Et personne n’a vu le loup.

J’avais demandé à Gilles, mon coussin francophile de me céder Saint Etienne- de- mer morte qu’il couvre ses créances. Hélas il avait déjà vendu ce fief giboyeux aux Bretons. Par amour familial il le récupère à cheval, les armes à la main, arrêtant le nouvel acquéreur, bigot idolâtre, qui priait dans l’église ; et l’emmène en otage à Tiffauges.

Les Bretons prennent Tiffauges, libèrent l’otage qui doutait de la protection divine et arrêtent de Rais à Machecoul.

Malestroit, évêque de Nantes, bras droit de Jean V de Bretagne, père de la dynastie des faux monnayeurs d’Oudon, décollées par le roi de France, instruisait l’affaire, pas par souci de vertu, des enfants disparus .

Gilles dort dans la prison de Nantes et se fout de la fille du geôlier qui n’est plus une enfant.

Il a soif et ne connaît toujours pas le goût de l’eau de là ; ni celui de l’eau d’ici, d’ailleurs.

  • A boire, a boire par pitié ;

  • Le Celte tendit à notre sénéchal une gourde de flotte qui pendait à sa taille :

  • Je n’en ai jamais bu, je veux du vin, du vin

  • Alors avoues, avoues, vieille outre, tes outris, tes outrus, tes Outreau, tes outrages ; et tu auras du jus de raisa, de raisi, de Rezé, de raisin ; mais il me faut le rési des outris, le resa des outras, le réseau des Outreau.

  • Mais que dire ?

  • Tout et n’importe quoi qui serve ma promotion ; et tu auras du vin.

  • Attention, le juge ! tu débouches le bouchon un peu loin :

  • GARE AU GARS GILLES

  • GARE AU GORI.I.I.I.I.I.ILLE.

Et le grand seigneur francophile devint le grand saigneur pédophile. C’est la faute à la pierre

philosophale ! Il y a erreur dans les annonces ; il fallait jouer de Rais, de Retz, de Rays mais pas aller à la raie !

  • Et depuis sur les menus : porteur de galuchat au beurre noire et plus de salade aux lardons !

Encore une fois les Pictons ne sont plus maître chez eux. Pas moyen de s’agrandir ! Les Bretons rachètent tout. Heureusement ils parlent Français et leurs idiomes ne s’écriront qu’au XX siècle : il y a de l’avenir pour les Baillis francophiles.

Voila Gilles condamné et nous, mangeurs de pois, suspect. La bande à Philibert a fait son temps. Vive Dominique, Vive la Sainte Inquisition ; avouons, avouons tout et n’importe quoi, donnons, donnons à ceux qui font vœux de pauvreté pour ne pas finir grillé. Combien de crises de goutte, chez ces gras prélats, soignées à la graisse de vierge pour faire bonnes matines ?

  • Sus aux sorcières, sus aux gamines, vive le cannibalisme et l’église apostolique

Le goût des voyages hante le Bailli depuis son périple Bourguignon. Fuyant la crétinerie réactionnaire et conservatrice, passéiste et obscurantiste des amoureux de Dominique, au genre incertain, male et femelle, qui niquent, niquent, entre soi et dans nos poches, il décide de partir en croisade.

En ce temps là plus question du cénotaphe du petit Jésus :

  • Tous à Grenade pour le grand cochouï libérateur.

  • Chassons les maures, monothéistes Allaïsant ;

  • Vive le pape, le saint Esprit, la sainte Vierge et touts les anges, saint Bacchus qui se fête à la sainte Brigitte, patronne Apollonienne de tous les arts, Vincent le saint très pressé, les puissances d’en haut, les héros fondateurs, Romulus et Remus, Donatien et Rogatien qui fondèrent Nantes, Côme et Pacôme, laissez nos bites tranquilles, ennemis de la pédophilie, les archanges, Georges terrassant le dragon du Nord-Ouest, Michel celui du Sud- Est, que Zeus et Europe copulent à l’abri des dangers.

Remettons touts ces Dieux à la mode derrière les Pyrénées, sans oublier touts les saints inconnus ; Trinquons, louons, prions par le cabernet, le gros-plant, l’abouriou, le chenin, le Gros Lot, les pineaux, le noha, l’auberlin, le roi nègre, le muscadet, le vin de Simille et la folle blanche, pour chanter le verrat, la truie, le porc, le saint Cochon.

En passant par Poitiers, ou s’arrêtèrent les Arabes, il nota :

  • A manger du cochon, boire du vin, les gens d’ici n’ont plus cet air terrible, fourbe et sournois des élus du Dieu Diététicien ; Ce n’est pas la théorie du climat, mais l’athée au riz de l’estomac bien élevé qui mange de tout et ne rote pas à table.

  • Puisque nous sommes à si bon porc, dînons puis allons rendre grâce à la grande notre dame qui se loue à coté.

  • Ah ! la belle et bonne poitrine a la poitevine, de porc ou de veau, roulée pour emballer une farce de toutes les verdures de saison du jardin ; et surtout cuite longtemps à four doux.

  • Et s’endormir dans le giron de la dame, au septième ciel des sept trompettes prophétiques sous la voûte apocalyptique.

Après que Morphée les eut bien bercés, cajolés, et réveillés de bonne humeur qu’ils esbaudissent leurs instincts animaux, ils reprirent la route. En traversant Limoge le Bailli augura :

  • C’est juste une retraite pour général violeur, assassin des Dames sur son chemin ; Décoré comme un coq faisant et tirant, un petit four a la main, une coupe de mousseux dans l’autre, des plans stupides et calamiteux, brave devant la guerre, lâche devant l’ennemi, la nation,et ses supérieurs. Dans quelque temps ça va puer la merde. Partons dit le Bailli franchissant le passage à nivel, des passages à niveaux.

Ce matin le train du Bailli part pour Brive la Gaillarde, et c’est jour de marché. Un oignon, du pain du beurre et un coup de blanc remettent tout le monde d’aplomb. Dégustation, charcuteries, vins, fromages, et un petit pour la route ; le ton monte et c’est le départ comme arrivent les gens d’armes. La suite est dans la chanson.

Les tomes magnifiques et les saucissons secs appellent un coup de rouge. Les Dieux bénissent ceux qui vont au Cochouï de Grenade pour leur plus grande gloire.

  • Ohana ! nous voilà à Cahors

Quelques jours et quelques caves plus tard :

  • On n’est pas là pour rigoler, en route !

La bande Pictonne repart en voyage, passe par Toulouse ou, comme à Brive, les mémés aiment la castagne.

  • Ce n’est pas chez nous qu’on verrait ça !

Comme il faut déjeuner, une auberge, au bord de la Garonne, sert des aloses grillées et du cassoulet. Après, les ventres trop lestés, l’équipage s’échoue sur la rive du fleuve.

  • L’Espagne est vers l’amont ; mais qui vivra verra après la méridienne.

  • Certains bien fatigués suivent le cours dans leur lit, d’autres affamés le prennent avalant, nous devons le prendre à contre courant. Allons ! en route, marchons sur la berge, et ce soir tous en pêche.

Avec les autochtones le Bailli apprit à pêcher l’alose qu’il achetait aux pécheurs de Loire ; Mais depuis il manie le «  coule ». Il y eu de belles soirées au bord de la Garonne. Ils péchèrent des anguilles qui manquaient au dosage cholestérolémique de nos aminches, privés de poissons gras. L’équilibre retrouvé ils purent s’adonner à la dégustation de vins capiteux, vendangés bien murs.

  • Il faut venir là pour boire ça !

Remontant toujours le fleuve ils aperçoivent, sur la droite une merveille de village autour de son église, comme un mont saint Michel.

- Allons y ! Pas d’odeur de brûles, pas de Dominicains.

A peine arrivée la troupe est conviée au réfectoire de la cathédrale saint Bertrand de Comminges. Ils dégustent une daube que prépare la cuisinière pour ceux qui n’ont pas eu assez de sauté d’agneau !

- c’est toujours bon chez Bertrand !

Avec un tel régime la chair devient lascive, les filles s’abandonnent aux garçons allergiques au mariage. Bertrand ne supporte plus ces mioches mal élevés, privés de fessées paternelles qui courent du cloître au chœur en faisant la ronde au narthex.

  • Un jubé les éloignerait de l’autel ?

  • Chair vaut chère ! et qui baise, berce.

Bertrand ordonne alors une grande ordalie. Il avait imposé la trêve de Dieu, quelques jours sans massacres, sans combats. Depuis la guerre de Troie les Dieux aiment la guerre. Et celui qui s’est réjouit de la fin de Jéricho aime toujours voire brûler les châteaux, les villes, les preux chevaliers et les saints innocents. Pauvre Bertrand, pauvre misère, pauvre Trêve roussie.

Pendant vos paix on s’emmerde là haut !

Ayant perdu confiance dans le jugement du bon Dieu, Bertrand propose un tour à sa façon :

Cette fille porte ton enfant, maraud !

  • Non ce n’est pas le mien.

  • C’est qui ?

  • Ce n’est pas moi.

  • Mentirais-tu devant Dieu ?

Bertrand prit une cruche à double fond, comme vendent les Orientaux dans les souks à touriste.

  • Tu verses comme ça, c’est froid,

  • Tu verses comme ça, ça brûle,

  • Tu verses au milieu c’est tiède.

Avec son broc Bertrand se lave, peinard, les mains puis implore le jugement de Dieu en vidant la cruche sur les mains du fripon :

- Non de Dieu, ça brûle !

Et ils furent mariés dans la foulée! Bravo, c’est la recherche «  Avoir Du Nez » que tous louèrent en chantant :

Souris verte, petite souris verte,

Souris verte je t’attraperai

Je t’attrape prés du menhir

Qui la vérité doit dire

.Souris verte, petite souris verte,

T’as été vu chez Bertrand

Sa Trêve Roussie le navrant

La daube et le sauté d’agneau sont de plus grands miracles pour le Bailli qui en prit les recettes, mais n’acheta point de cruche dont il ne vit qu’un usage : faire du vin rosé.

Et encore un départ. La Garonne est alors un torrent pyrénéen. Dédéa, le pisseur de merde et chieur de lisiers est toujours dans les limbes ; l’eau est propre, la truite vagabonde et l’écrevisse énorme. Notre troupe se paye grassement sur la rivière. Et voilà saint Beat ; De l’autre coté du bourg, c’est l’Espagne. Il y a partout des carrières de marbre de toutes les couleurs ; Les dallages de saint Bertrand ont l’éclat des galets roulés au fond du fleuve, des rouges, des verts, des marbrés, des gris, des blancs très fins.

C’est là, sur une grève, que le Bailli trouva une vieille idole, polie et repolie, Gaia endormie, tatouée d’une souris verte.

Nous nous hâtons avec lenteur. Des estaminets bordent chaque coté de la route : dernière station avant l’Espagne ! Et qu’ y a-t il à boire tras el Pyrénéo ! Arrivons nous en Castille ou bien en Aragon ? C’est la Catalogne, pas de glaces au citron ni de glaces à la vanille :

- Je suis aussi, complètement, de haut en bas, contre ou selon, de Lognes ; La Brelaire se situe entre Lognes et Ognon, affluents du lac de Grand- Lieu : Picton de Cata-Logne ! Et maintenant chantons :

Souris verte, petite souris verte,

Souris verte, je t’attraperai

Je t’attrape prés du menhir

Qui la vérité doit dire

Souris verte, petite souris verte

T’as été vu chez Bertrand

Sa trêve roussie le navrant

Souris verte, petite souris verte

Je te retrouve chez Gaïa

Sur le tatouage de Gaïa !

Devant nous maintenant, il y a des Espagnoles.

Rodrigue

  • Je m’appelle Rodrigue, j’accompagne ceux qui

Se rendent à Grenade pour le grand Cochouï.

Le Bailli

  • Vous avez l’age, jeune homme, ou l’on est amoureux,

Prêt de votre amante vous seriez plus heureux.

Rodrigue

  • Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées

La valeur n’attend pas le nombre des années.

Un compagnon

  • Une auberge Espagnole, allons casser la croûte

Et scellons nos affaires, avant de faire route.

L’aubergiste

  • Je ne cuisine que ce que vous apportez !

Le compagnon

  • Faits nous plutôt goûter toutes tes spécialités :

Fris nous des tortillas, découpes du cochon

Apportes nous du vin, et taches qu’il soit bon !

Un autre compagnon

  • Nous mangeons d’habitude, plutôt du lard salé

Et je suis rassasié de votre jambon séché.

Malgré ce changement dans la préparation

Nous buvons comme des trous, pour apprécier le cochon !

Un page

  • Nous avons bien dormi, personne n’a ronflé ?

Déjà le jour se lève, allons nous préparer ;

La route sera longue, Rodrigue et le Bailli

Chevauchent côte à côte, comme deux vieux amis.

Rodrigue

Le pays tout entier est presque libéré ;

Nous élevons des cochons et plantons de la vigne,

Il faut que tout soit prêt, pour la fin de l’année.

De la Reconquête, il faut que l’on soit digne !

Le Bailli

- Chez nous en Pictonie, des peuples différents

Se sont tous mélangés, nous sommes leurs enfants.

Rodrigue

Combien, parmi vos pères avait l’âme polluée

Par un dieu unique et diététicien ?

Dont les adorateurs ne savent que mépriser

Leurs voisins d’à coté qu’il prennent pour des chiens

Toutes les insuffisances, tous les maux de ces Maures :

. Ils croient qu’on est des bêtes, fidèles, prends garde, on mord

Le Bailli

Chez les Celtes et chez les Britanniques, Apollon

L’Horus hyperboréen, n’est-il pas le même

Que l’Apollon Sminthien du connais-toi, toi-même !

Le dieu à la souris, sourit chez les Pictons.

L’air qui descend des cimes enneigées

Me glace tous les sangs ; comment se réchauffer

Dans cet environnement aride et sauvage

Sinon en méditant comme le font les sages !

Voilà que nous marchons tous à la queue leu- leu !

Rodrigue

  • Mais savez vous qu’ici il y a encore des loups ?

Le Bailli

  • Demain jour de repos, peut-être pourriez vous

Organiser une chasse ?

Rodrigue

- Bien sur que je le peux !

A la veillée, ce soir nous en reparlerons

Pour tout mettre au point, et que ça tourne rond !

Le Bailli

- Je suis grand pibolliste, dans l’estuaire de la Loire !

Un Espagnol

- Ne sonner que les loups ; deux coups feront l’affaire,

Le Bailli

- Bouuu ! Bouuu ! Il arrive, je m’attends à le voire

Je prépare mon mousquet ; et je vais me le faire !

L’Espagnol

- Don Diègue, père de Rodrigue, nous apporte les chiens,

Vous pourrez voire la meute à l’aube demain matin.

Ce n’est pas tous les jours, qu’un grand seigneur d’Espagne

Vient pour chasser le loup au fond de la campagne.

Le Bailli

- Quel honneur vous faites à un tueur de lapin !

L’Espagnol

- certes, mais dans vos terrines vous mettez du cochon,

Voila pourquoi l’Espagne veut vous recevoir bien

Et que vous puissiez dire que chez nous tout est bon !

Ce matin là tous se lèvent tôt pour bien casser la croûte et partir à la chasse. Les chiens sont des molosses comme il n’y en a plus à la Brelaire depuis longtemps déjà. Tous partent pour se placer avant la première traque.

BOUUUU ! La chasse est partie ; Ahou, Ahou, Ahou, les molosses prennent la voie d’un loup ; La meute semble se diriger vers le Bailli et don Diègue qui ne bouge plus, font le plus grand silence. Débuchant d’un chablis juste devant don Diègue, les chiens mettent le loup aux fermes ; le grand d’Espagne s’avance, la bête sauvage s’affole, bondit :

Don Diègue

- Ah rage ! Ah désespoir ! Ah vieillesse ennemie !

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?

Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,

Mon bras, qui tant de fois à sauvé cet empire,

Trahit donc mon tronc et part loin de moi ?

Dans l’estomac du loup, devient repas de roi !

Le Bailli

Le mal est déjà fait, prenons bien notre temps

Ajustons notre tire pour bien mettre dedans.

Pan ! Bou ! Bou ! Ta tata rata pas sa tata

La bête est abattue ; et célèbre le bras !

La chasse continue, d’autres loups sont levés ; et le soir au tableau il y en avait trois. Le Bailli n’est pas un Romantique ; ce soir à la veillée, au courrier qu’il envoie à la maison il ne trouvera qu’à dire :

Madame il fait très froid, nous avons tué trois loups !

Un chasseur

C’est Hernani, bientôt, qui va tirer son coup !

Il y a le feu à la demeure ; je n’ai plus le temps de mettre à jour la fin des aventures de La Brelaire. Il faut partir sans se retourner. Déjà je sais que mon hérédité a survécu aux affres des siècles grâce aux découvertes du Bailli. Tout en continuant le dépouillement de ses carnets, tout en restaurant les collections et les objets « des mystères de la souris verte », je parts à mon tour à la quête du Graal familial.

Tout changera pour le Bailli après la découverte de Gaïa a la souris et la rencontre d’un vieux mage, sage des valeurs antiques, initié des religions à mystères que les Maures toléraient dans leur domesticité.

Il est l’heure de partir ; quand reviendrai-je ? Ne laissons pas de lait sur le feu. C’est aujourd’hui l’ouverture de la chasse à la souris...à suivre...

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La souris verte
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